En cette fin d’année, nombreux sont les individus isolés, sans foyer où passer les festivités. C’était jusqu’à hier le cas de Rémi sans Famille. L’enfant (actuellement au Japon après y être entré illégalement) errait tout esseulé dans le quartier de Shinjuku, quand un inconnu s’est présenté à lui.
« J’étais très surpris, nous confie-t’il. Je ne connais rien ni personne de ce pays ou de cette ville, et voilà qu’un beau jeune homme, en complet veston, vient m’adresser la parole. Heureusement, à force de voyager, je baragouine un peu l’anglais et c’était également son cas. On a sympathisé. En apprenant que j’allais être tout seul pour le Nouvel An, il a eu l’air très très peiné, et il m’a proposé de m’aider ».
Après quelques coups de fil, son nouvel ami l’emmène dans une belle petite maison dans le quartier de Meguro, où il découvre son nouveau foyer.
« Il y avait tout ce dont j’ai toujours rêvé : un papa, une maman, une grande sœur et même un petit chien tout mignon. Ça m’a fait rudement plaisir car j’ai dû manger mon dernier animal durant la traversée vers le Japon ».
Rémi passe alors une soirée idyllique, qui restera gravée dans ses souvenirs à jamais.
« Mon nouvel ami m’a laissé tout seul avec ces gens. Il m’a juste dit qu’ils me trouvaient très mignon et j’étais un peu comme leur fils adoptif et que je pouvais les considérer comme mes vrais parents. Bon, forcément, eux ils ne parlaient pas un pet d’anglais et moi le japonais… Mais bon, à force de sourires et de petites attentions, on arrive à se faire comprendre pas vrai ? ».
Comblé et repu, Rémi passe la nuit entière dans la famille nippone. Mais le matin, il commence à s’inquiéter.
« C’est un peu bête, mais je me suis rendu compte que je n’avais aucun moyen de joindre mon nouvel ami. En fait, je ne connaissais même pas son nom. Heureusement, il semblait avoir prévu le coup. Quand j’essayais de partir, Maman ou Papa bloquaient l’entrée et faisaient des petits sons avec leur bouche, comme quand vous essayez de faire peur à un animal. Même le chien s’est mis à m’aboyer dessus. ».
Finalement, son nouvel ami finira par arriver, vers trois heures de l’après-midi.
« J’ai voulu le remercier, et il m’a demandé si j’aimais ma nouvelle famille. Forcément je lui ai répondu que oui. ».
Son nouvel ami lui annonce alors qu’il peut laisser ses affaires ici, car il a été effectivement adopté. Rémi n’en croit pas ses oreilles.
« Je pensais qu’il se moquait de moi, ce n’était pas très sympa de sa part. Mais en fait si, il m’a montré un joli document, rédigé tout en japonais, mais ça avait l’air officiel. Il m’a alors dit que mon nom de famille était maintenant Yamaguchi ».
Car les bienfaiteurs de Rémi ne sont en effet pas n’importe qui. En l’espace d’une soirée, le voilà devenu nouvelle recrue de l’organisation Yamaguchi-Gumi, le plus grand clan de yakuza du Japon.
« Mon nouvel ami m’a alors expliqué que j’ai bénéficié d’un service proposé par son entreprise : la location d’une famille le temps d’une soirée. C’est un service très cher et j’ai contracté une dette de 300 millions de yen envers elle. Comme je suis immigrant clandestin, je n’ai pas trop eu la possibilité de protester… ».
Une tentative d’évasion et une phalange du petit doigt en moins plus tard, Rémi a finalement réussi à se faire à cette nouvelle vie.
« Je suis surtout utilisé pour émouvoir de vieilles et riches japonaises. Comme je suis blond et j’ai l’air très jeune, mes supérieurs m’emmènent chez elles. Et face à mes grands yeux larmoyants, elles donnent beaucoup d’argent en pensant qu’il va aller à un orphelinat international. Mes supérieurs ont de supers techniques pour faire jaillir de vraies larmes vous savez ! Et parfois, je dois aller tout seul dans les chambres de ces mesdames mais… Le reste est un secret, c’est qu’on a une éthique dans le métier quand même ! ».
Japon, terre d’accueil et de miracles. Rémi a encore tout le temps devant lui pour découvrir ce pays exotique et s’imprégner de la langue, le remboursement de sa dette étant prévu pour au minimum 200 ans.
« Mais je garde espoir vous savez, après tout maintenant, j’ai une famille. »
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