Cet article est paru dans le fanzine No-Xice©#23 Génération Club Do’.
Première parution du fanzine : 30 juin 2011.
Le Fanzine No-Xice© est un magazine rédactionnel thématique avec comme ligne éditoriale de faire passer de l’information au travers d’articles au ton satyrique et décalé. Fanzine de 32 pages, N&B, couverture couleur. Les exemplaires épuisés vous sont proposés en version PDF à tarif réduit.
La dynastie AB
« Hélène, je m’appelle Hélène, je suis une cochonne… »
Quinze ans après, je me souviens encore d’Hilguegue et de ses pouvoirs surprenants… D’Annette et sa voix crillarde, ainsi que du CRICRIIII D’AMOOOOUR !!! Mais aussi et surtout de la belle Lola, centre de l’attention d’une véritable ruche d’obsédés sexuels…
Honnêtement, on s’en cogne un peu. Ces séries étaient conçues pour le pur divertissement des spectateurs, assumant complètement leur côté « nanardesque » qui leur donnait une certaine dose de fraîcheur.
À la base, il y a Jean-Luc Azoulay. On parle beaucoup de Dorothée, mais en fait, derrière le Club’Do, c’est un monstre à deux têtes qui dirige le tout. Azoulay est un bourrin de travail. Les jeux débiles, c’est lui, les concepts, c’est lui, les scénarios de tous les sitcoms, lui aussi. Au total, pas moins de 25 séries lancées sous son égide, qu’il chapeautera plus ou moins selon ses disponibilités. Au début, AB fait des essais avec le condensé de conneries qu’est Pas de pitié pour les croissants. S’appuyant sur la sympathie croissante pour les musicos attitrés de Dorothée, Azoulay leur propose d’avoir carrément une série qui leur est dédiée.
Ce sera Salut les Musclés, sitcom racontant la petite vie marrante des cinq musiciens du Club’Do. Avec maints ajouts fantastiques tels que des extraterrestres de la planète Vega (de la même planète que le Grand Stratéguerre donc ??!)… Salut les Musclés est le premier volet de « la trilogie AB ». Les trois séries fondatrices de leur gros univers. En effet est introduit dans cette première le personnage de Justine Girard, nièce de Framboisier des Musclés. Azoulay se dit que ça pourrait être sympa de lui dédier carrément une série : ce sera Premiers Baisers, spin-off des Musclés, racontant les émois d’adolescents pré-pubères. Enfin, sur le même procédé, Azoulay emploie le personnage d’Hélène, sœur de Justine apparue dans Premiers Baisers pour lui faire sa série : Hélène et les garçons, probablement la plus plébiscitée du lot.
Attention, à partir de là, ça commence à se compliquer. En fait, ces trois séries sont à la base de l’univers des sitcoms AB. Elles se centrent autour de deux familles, tout d’abord la famille Girard (celle de Justine et d’Hélène), et la famille Garnier, famille « cousine » des Girard (c’est la famille de Lola-la-cochonne…). En effet, une série cousine est lancée, Le miel et les abeilles, où un groupe de mec cherchent à pécho absolument une certaine Lola, fleur sauvage interprétée par une certaine Mallaury Nataf, qui brillait à l’époque pour son absence ponctuelle de culotte sur les plateaux télé…
Salut les Musclés tout d’abord connaîtra une suite avec La croisière Foll’Amour où tout le petit groupe embarque pour un voyage de rêve, les extraterrestres y compris. Hilguegue, je t’aime encore, même quinze ans après.. Hem…
Premiers Baisers aura deux suites. Les années fac, puis Les années bleues, avec un certain nombre de persos des deux séries d’avant, mais sans Justine.
Quant à Hélène et les garçons, elle n’aura pas moins de TROIS suites avec Le miracle de l’amour, Les vacances de l’amour, et le récent (2011 !) Les mystères de l’amour, qui passe sur IDF1 ! En effet, c’est cette dernière qui concentrera le plus de succès. Exportée dans pas moins de quarante pays, la série connaît un succès colossal notamment en Europe de l’Est, raflant un bon gros 70% d’audience à la télé russe lors de sa diffusion.
Les russes kiffant le côté rebelle du personnage de CriCri d’amour, qui avait selon eux une mentalité très proche de l’idéal des jeunes Soviets. Et oui sinon, Hélène était devenue une égérie de la mode française auprès des jeunes russes (cf. confirmation internet, et surtout témoignage d’une de mes anciennes camarades d’école, russe d’origine)…
Cette simplicité et cette pudeur teintée de romantisme (sauf dans Le miel et les abeilles où on enchaînait les sous-entendus de cul. En même temps, quand tu sais que le petit black, « Giant Coocoo » avait fait du pr0n avant d’y jouer, en tant que nain pervers…) leur permettront également de connaître un grand succès en Asie, notamment en Chine. Les chanteuses Chinoises à deux balles reprendront régulièrement les chansons d’Hélène Rollès et consœurs, avec grand succès, le niveau de qualité des paroles étant particulièrement adapté à la soupe populaire locale.
AB se permettra même un crossover géant, nommé La famille Fou Rire de 52 minutes, réunissant le staff des trois grandes séries, accompagné de ceux du Miel et des Abeilles, et même un caméo final de Dorothée et des animateurs du Club.
Il faut bien se mettre en tête l’ambiance de l’époque : l’ensemble des équipes de tournage enchaînaient à un rythme effrayant les épisodes, tous enfermés dans leur gigantesque « bunker », les plateaux de la plaine St-Denis, où se trouvaient les différents décors des séries. Ce qui rendait d’autant plus facile de créer des liens et apparitions suprises entre sitcoms.
Ainsi, on pouvait voir par exemple cette petite garce d’Isabelle dans Premiers Baisers, se rendre à la salle de sport, et y croiser Gérard le Gayz des Filles d’à côté, série qui n’avait pourtant strictement aucun lien avec la précédente. Comme un grand manitou, Azoulay chapeautait le tout derrière pour donner un semblant de cohérence à l’ensemble.
À côté de celles-ci, nombre d’autres séries, comme Les filles d’à côté, qui seront suivies par Les nouvelles filles d’à côté, et d’autres trucs abominables comme Pour être Libre, la série des 2be3. Les autres chaînes tenteront tant bien que mal de ne pas rester sur la touche, M6 lançant Classe Mannequin avec sa cochonne attitrée, Linda aka Vanessa Demouy.
Enfermés dans ces studios, les acteurs d’AB Prod étaient les uns sur les autres. Littéralement. Les quelques témoignages reccueillis révèlent en effet que « ça baisait dans tout les coins », et même, selon mademoiselle Nataf : « tout le monde était en permanence défoncé au shit, avec un peu d’ecsta de temps en temps » (si elle l’a dit sur le plateau d’Ardisson, c’est que ça doit être vrai…). Bref, une ambiance très réjouissante, qui a dû leur laisser de nombreux souvenirs mémorables…
Difficile de faire rentrer plus d’anecdotes croustillantes sur ces magnifiques séries dans ce No-Xice© malheureusement si étriqué. On vous recommande donc vivement l’excellent www.sitcomologie.com blog qui regorge d’anecdotes sur ces monuments de la télévision Française que sont les sitcoms AB.
Je vous laisse et je retourne sur Vega. Hilguegue m’attend, elle a garé Sahara en double-file…